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Dans ses Fissures fleuries, l’artiste lausannoise Maude Sauvage met en lumière, à travers la technique de l’estampe japonaise, la complexité des blessures humaines. Les irrégularités que l’on retrouve dans le bois sont transformées, sublimées par la plasticienne dans cette série d’estampes réalisées en jaune, sa couleur de prédilection.

En explorant la profondeur du bois par ses fissures, ses veines, ses fibres et ses nœuds, Maude Sauvage dialogue avec la matière et expérimente un lien intime avec la nature. Les différents défauts que l’on peut observer sur les planches de bois et qui se retranscrivent dans les œuvres sur papier, similaires au premier regard mais absolument uniques, laissent une place de choix à l’imagination et ouvrent de nouveaux champs d’interprétation. Pour l’artiste, ils évoquent des récits intimement liés à l’expérience humaine et aux émotions qui lui sont inhérentes – l’arbre représentant l’humain dans son incarnation. Avec cette exposition, Maude Sauvage souhaite magnifier ces cassures, ces cicatrices qui font écho aux nôtres. De ces fêlures surgissent souvent des ressources insoupçonnées, qui nous reconnectent à notre intériorité et nous mènent sur des voies nouvelles. L’artiste y relève la beauté qui découle de l’imperfection et de la vulnérabilité, inhérentes à tout être vivant.

Fascinée par les modulations et juxtapositions chromatiques, Maude Sauvage présente une affinité particulière au jaune, qu’elle qualifie de couleur solaire et lumineuse par excellence. Elle décline sa couleur phare, qui lui évoque les fonds d’or byzantin, dans l’impression de ses estampes qu’elle travaille en séries. Ainsi, la répétition d’un même motif instaure un rythme, à la fois formel et chromatique, où ses œuvres se font écho. En créant avec des pigments jaunes, l’artiste cherche à manifester la lumière, la chaleur, la vie ; mais également le sacré et le divin. Les planches de bois – dont un exemplaire original est présenté dans la salle – utilisées pour réaliser ces estampes de différents formats proviennent des Diablerets ainsi que des Franches-Montagnes. L’artiste a choisi des bois tendres tels que l’arolle, le tilleul, ou encore le sapin.

C’est également une réflexion sur le temps qui est menée ici par Maude Sauvage : les cernes du bois suggèrent sa profondeur et son renouvellement constant. Entre force et délicatesse, mouvement et grâce, les estampes de Fissures fleuries nous montrent ainsi que des lésions peuvent naître de nouvelles pousses, pleines de promesses.