Dessinées aux crayons, les figures de Marc De Bernardis sont à la frontière du portrait et de l’étranger, voire de l’étrange. Entre l’autoportrait évoquant la tradition des maîtres anciens et les « portraits chiffonnés » qui interpellent, elles découlent d’un dessin réfléchi et d’une observation attentive.

Contemplant puis traçant ses propres contours, l’artiste se prête volontiers à l’exercice de l’autoportrait, manière pour lui de renouer avec le dessin et d’expérimenter de nouvelles techniques. Les plus classiques, aux traits marqués et exécutés au crayon de couleurs, expriment une certaine présence et dialoguent ainsi avec les figures chiffonnées qui les accompagnent, dont celle de Marc de Bernardis lui-même. Ces dernières sont réalisées à partir d’une photographie imprimée et froissée, puis longuement observée, afin de saisir tous les détails et les mouvements de ces visages désormais déformés. Dessinées aux crayons noir et blanc sur un papier préparé à l’aquarelle, ces figures froissées émanent d’une observation stricte, ne laissant pas de place à l’interprétation mais saisissant ce qu’il reste de ces visages : la présence d’un regard, d’une figure. Et c’est justement ça qui peut déranger ; si ces figures sont étranges, c’est qu’elles sont infiniment présentes.