LEAH LINH
MEMORABILIA
20.06.2024 - 08.09.2024
L’installation Memorabilia est un projet inédit de l’artiste vaudoise Leah Linh, conçu spécialement pour l’Espace Graffenried. Cette exposition audacieuse propose une interprétation contemporaine des cabinets de curiosité, ancêtres des musées apparus à l’époque de la Renaissance. Ces espaces de découverte et d’émerveillement étaient à la fois des lieux de savoir et de contemplation qui mêlaient sciences et arts, nature et culture, tout en faisant dialoguer le connu et l’inconnu, le familier et le mystérieux.
Bien que ces lieux aient joué un rôle fondamental dans l’essor de la science moderne, ils étaient teintés par les croyances populaires de l’époque, avec un goût prononcé pour l’hétéroclisme et l’inédit. Ces espaces atypiques visaient à rassembler des memorabilia, soit des objets ou éléments mémorables, tels des souvenirs à conserver. Avec cette exposition, Leah Linh reprend les codes de ces « chambres des merveilles » pour les transposer dans le monde d’aujourd’hui, en utilisant des éléments naturels et artificiels qui évoquent les collections de taxidermie et de fluides.
Au contraire des bocaux des cabinets de curiosité des siècles passés aux contenus extraordinaires, les récipients présentés dans l’installation de Leah Linh renferment des objets du quotidien ; ils fonctionnent ici comme des instants de vie que l’on souhaiterait préserver. Chaque élément conservé agit comme un fragment de notre histoire collective, témoignant des aspirations, des craintes et des triomphes de notre époque. Des artefacts anciens à la technologie de pointe, chacune des pièces révèle une facette unique de notre identité culturelle. Ces objets, souvent négligés ou considérés comme insignifiants, deviennent ainsi les protagonistes d’un récit surprenant qui célèbre la banalité de la vie de tous les jours. Dans une société en constante évolution, où les souvenirs semblent parfois s’effacer aussi vite qu’ils se forment, l’artiste nous invite ainsi à questionner notre rapport à la trivialité, ainsi que la notion de mémoire collective : nous qui en sommes les gardiennes et gardiens, comment peut-on déterminer ce qui mérite d’être conservé pour les générations futures ?
L’installation présentée sur la paroi gauche de la salle met en dialogue une série de trophées de chasse ainsi qu’une œuvre composée de fourrure provenant de manteaux, assemblés en une forme animale hybride. Cet accrochage offre une réflexion poignante sur les liens entre passé et présent, ainsi que sur notre relation complexe à la faune et à la flore. En puisant dans les codes esthétiques de la taxidermie, traditionnellement présentée dans les cabinets de curiosité, l’artiste nous confronte à une vision troublante de notre époque et de ses défis.