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Le projet Dark Gletscher, initié en Suisse en 2019 et présenté pour la première fois à l’occasion de cette exposition, est le fruit de réflexions environnementales, physiques et cosmologiques. Les glaciers — Gletscher en allemand — sont ici considérés comme des parties essentielles et impactantes du système atmosphérique terrestre.

Ce travail s’inscrit dans une dynamique mobile pour Frédéric Fourdinier, qui s’est penché sur la question des glaciers et leurs mouvements à travers des voyages, randonnées, et autres traversées dans divers espaces alpins, au fil des saisons et sur plusieurs années. Le contact physique avec notre environnement, en particulier avec ses éléments minéraux, joue un rôle primordial dans la conception de Dark Gletscher.
À l’Espace Graffenried, ce projet prend la forme d’une installation immersive réunissant des extraits de deux travaux conséquents : on y retrouve les tirages de divers formats de la série A Part of Missing Mass, qui présente des photographies de fronts glaciaires occultés à 70% par une surface noire. Cette valeur fait écho au pourcentage théorique d’énergie sombre qui composerait l’univers et générerait son expansion.  Fourdinier présente également une nouvelle version de la série Anatomie, qui consiste en des projections cartographiques de réseaux glaciaires alpins, en mettant l’accent sur leurs ramifications et interconnexions. Découpées dans du géotextile blanc utilisé pour limiter la fonte des fronts glaciaires, ces projections sont suspendues par leur extrémité la plus au nord et s’épandent vers le sol par la force gravitationnelle. L’artiste les compare à des organismes vivants, des anatomies témoignant du passé et dessinant le futur.

Les diverses rencontres avec des glaciers suisses et européens ont donné naissance à une série de nouvelles rédigées par Frédéric Fourdinier. Ces textes, présentés ici comme partie intégrante de l’exposition, permettent d’approfondir les questionnements soulevés par l’artiste. Dark Gletscher invite à réfléchir non seulement à la relation de l’être humain à son environnement et aux actions qu’il mène pour le préserver, mais également à s’interroger de manière (méta)physique sur les limites qui constituent l’univers, sur les notions de présence et d’absence, d’accélération et de vide.