Depuis la Renaissance, la thématique du voyage — et le voyage en lui-même — font partie de l’histoire culturelle et artistique européenne, culminant avec le mouvement du romantisme au XVIIIe siècle, principalement dans les arts visuels et la littérature. Avec l’émergence du tourisme à la fin du XIXe siècle, le voyage est facilité, vulgarisé. Il se rattache aujourd’hui à notre quotidien, devenu accessible à tous·tes. Christophe Constantin en questionne ici les codes.
Dans Transit, l’artiste italo-suisse né à Montreux reprend l’aspect romantique du voyage au travers du prisme contemporain. Le sublime — concept esthétique cherchant à montrer le sentiment de vertige ressenti face à la puissance de la nature — est ici présenté à travers la thématique de l’urgence, la signalétique de sécurité et l’évocation du danger. Avec humour, Christophe Constantin interroge notre réalité en nous replaçant dans notre quotidienneté, dans ce qui nous entoure. Partant du constat que la société contemporaine est un spectacle (Guy Debord, La société du spectacle, 1967), l’artiste questionne l’emprise de l’image, de l’idéologie économique sur la vie de tous les jours et la vulgarisation du voyage dans la société contemporaine. L’imagerie, au cœur du monde actuel, est ici au cœur de l’exposition. 20 huiles sur toile reprennent les dessins, aujourd’hui bien connus, des safety cards que nous lisons dans les avions. Dépassant l’idée du ready-made, le chariot de service est défait de tout esthétisme ou de toute idée d’attraction, tandis que la vidéo Check-in, dans laquelle l’artiste se met lui-même en scène, ironise la banalité du voyage et de ses consignes sécuritaires imagées. Finalement, à travers une démarche conceptuelle qui s’éloigne du spectaculaire et du « beau », tout en faisant allusion à l’histoire de l’art européenne, Christophe Constantin replace l’individu dans la société dans laquelle il·elle vit, la recontextualise, en pointant ses absurdités et ses incohérences.
© Christophe Constantin, Transit 19, 2021, huile sur toile
Christophe Constantin, Check-in, 2016